Le bâtiment surgit depuis une masse de béton noir dont les arêtes bissotées créent une ligne de fuite tendue, presque abrasive. La structure s’enfonce dans le sol comme un éclat minéral, traversé par un ruisseau qui longe la paroi basse et impose un régime hygrométrique particulier. Le béton, saturé d’oxydes et coulé avec un granulat basalteux, absorbe la lumière diurne jusqu’à produire une surface mate, dense, sans miroitement.
La présence de l’eau modifie la température du socle, génère un microclimat et fait vibrer la masse sombre du bâtiment. La forme bissotée oriente les charges, réduit les portances superflues et dirige la poussée du terrain. Chaque biais produit une tension constructive et installe une lecture géologique de la structure.
À l’intérieur, la galerie se déploie dans une ambiance obtenue par un contrôle de l’éclairage indirect logé dans les fentes structurelles. Les murs de béton noir, laissés bruts, accueillent les œuvres sans devenir un décor. L’espace construit reste un outil, un support gravitaire, conçu pour faire tenir la matière dans une économie.
Le bâtiment assume une esthétique née de la contrainte : béton sombre, eau canalisée, géométrie taillée, interaction permanente entre masse, lumière et ruissellement. Tout procède d’un rapport physique entre le minéral et le flux, entre la rugosité du matériau et la pression silencieuse de l’eau.