Si le projet est un temps dense et précipité de la conception, il plonge aussi ses racines dans la mémoire, le terme lent et long de l’observation, et l’accumulation de l’expérience. L’une des origines
du projet remonte à l’observation d’enclos de pierre levées, brutes, sèches. Images qui ont rejoint une matière déjà riche, nourri une volonté de construire avec des matériaux natifs, simples et économes. La pierre, loin de la lubie, est évidemment angulaire, fondement, au service de l’enracinement, d’un bâtiment pensée comme une chartreuse, en relation avec l’extérieur ; mais aussi resserrée sur un univers qu’elle protège, ascétique mais baignée de lumière et de ciel, nourrie de la vibration des oliviers remis en terre sur le site même dont ils avaient été soustraits le temps du chantier. Lui-même simplifié à l’extrême. La pierre règle en partie par l’épaisseur et par l’inertie, la question de confort d’hiver et d’été, contracte la palette des matériaux, s’installe en structure et en peau, dehors-dedans, d’une seule masse, intègre la notion de cycle de vie. Elle convoque au contemporain des souvenirs de pérénnité, de lointaines liaisons avec les abbayes toutes proches, références pour toujours.