Le cadre
Le Centre des Archives Contemporaines se situe en limite de la commune de Fontainebleau, dans la fôret du même nom. Ancien site militaire, il a été reconverti en centre des archives et à depuis fait l’objet de constructions successives. Pour faire face à la nécéssité de réimplanter les archives conservées dans d’autres bâtiments obsolètes et afin d’être en mesure de recevoir les versements, jusqu’à l’ouverture du Centre des Archives Nationale de Pierrefitte, il a été envisagé la construction rapide d’un dépôt supplémentaire capable d’accueillir 28 km linéaire d’archives pour un coût minimum.
Voilà posé le contexte et la demande principale: un besoin express de rangement !
L’implantation
Le choix du positionnement du projet sur le site s’est établit en fonction de plusieurs
paramètres trés précis: Il fallait en premier lieu permettre une accéssibilité aisée entre les différentes voies et connexions au site, et s’implanter au plus prés des unités 1 et 2. Nous devions aussi anticiper une autre future construction sur le meme terrain et prévoir la possibilité d’une gestion commune du quai de déchargement. Le choix d’un bâtiment unitaire et compact nous permet de preserver au maximum l’environnement proche (en minimisant l’emprise au sol) et d’optimiser la surface de rangement (dans la limite des 9m de hauteur autorisée).
Le fonctionnement
Le bâtiment se développe sur 3 niveaux et reflête strictement les interactions entre les différents programmes de l’organigramme. Le quai de déchargement, situé le long de la façade Ouest, accueille deux rampes d’accés pour les différents types de véhicules. L’accés du personnel se trouve sur la façade Est, en connexion rapide avec le reste du centre des archives et ses différentes unitées. Cet accés est sécurisé et répond au passage des transpalettes électriques. Ces deux entrées forment un axe Est/Ouest de circulation propre à l’acheminement des documents sur place, par transpalettes ou par camions. Sur les trois niveaux, les magasins de stockage sont désservis depuis l’interieur par un axe de circulation Nord/Sud.
Chaque niveau dispose d’une salle de tri.
La question du visible
Un bâtiment de stockage d’archives papiers se doit d’être un édifice à forte inertie donc “lourd”.
La gestion rapide et aisée du site et l’efficacité optimum recherché quand à sa capacité de stockage amène à un plan fonctionnel simple et rationnel. Nous sommes donc ici dans une logique de projet qui se rapproche à la fois du bunker et du process industriel. Le projet, un paraléllépipède de 32m (largeur) x 64m (longueur) x 9m (hauteur), a un impact non négligeable sur le site. La question de sa matérialité est donc posée.
Comment rendre léger un objet massif ?
Par ailleurs, le site des archives est un lieu à forte présence paysagère. Les niveaux enfouis des bâtiments éxistants entraînent
talus et mouvements de terrains. Malgré les ajouts divers, il y règne une grande fluidité. Comment accompagner cette dynamique et ne pas rompre avec la continuité du paysage naturel ?
Les matérialités de la peau
Une attention toute particulière a été porté sur l’enveloppe du bâtiment.
Elle renvoi l’image d’un certain raffinement mais n’est pourtant que la mise en œuvre de matériaux « pauvres » industriels qui, superposés et travaillés de manière précise et graphique, engendrent cette dimension qualitative.
L’idée première été de renvoyer l’image d’un bâtiment léger, en mouvement et en rapport étroit avec le paysage environnant. Idée en
complète opposition avec le caractère compact et dense de la construction.
De plus nous voulions a tout pris, vu la taille et l’impact sur le site, que le projet renvois à plusieurs lectures, qu’il raconte des choses différentes en fonction de l’éloignement ou du rapprochement, que l’on découvre des éléments différents, des sensations multiples.
Nous avons alors sélectionné, par pixélisation à partir de photos prisent sur place, la gamme chromatique du site et degagé deux
teintes dominantes, un brun et un vert.
En paralèlle nous avons retenu le metal comme matière capable de proposer des dimensionnement les plus fin (en assemblage, en épaisseur, en structure, …) de jouer sur les reflets et allant dans le sens de la légèreté souhaitée.
En combinant ces deux axes au budget restreint alloué, nous avons retenue deux couleurs comprisent dans la gamme RAL standart des bardages industriels en acier laqué usine.
L’étape suivante a consisté à définir les différentes couches constitutives de la véture, sachant que la structure principale est en béton préfabriqué. Isolé par l’exterieur, le système de façade légère appliqué ici au projet a permis ce travail de superposition qui est la clef même du dispositif pictural et dynamique.
A l’aide de l’outil informatique et de la modélisation 3D, nous avons testé plusieurs modele d’assemblage de différents type de bardages (nervuré, ondulé, …) et de tôles perforées (types de perforation, espacement, horizontal, vertical, …). La taille et la densité des perforations ont été calculés de manière à respecter la réglementation en terme de désemfumage. En effet, chaque magasin est désemfumé naturellement et de trés nombreuses prises d’air basse viennent impacter les façades. Tous les éléments ont été combinés afin d’avoir la palette la plus large possible de resultats. Au final la peau est constitué d’une couche d’isolation, puis vient un bardage nervuré vert, reprenant au plus prés l’onde des volets de désenfumage, d’une structure secondaire laquée marron (RAL 8014), et enfin de tôles perforées marron, de deux densité différentes, de 1m x 2m placées verticalement, et décalé de 10 cm dans la hauteur, ce qui permet la materialisation de “pointillés” vert par l’apparition soudaine du bardage de sous face. Des fuos vert viennent, de manière aléatoire se loger dans ces interstices de manière à renforcer le graphisme et offrir une image nocturne encore différente. Un prototype realisé sur place nous a permis de corriger la densité et le sens des perforations et d’intégrer des nervures pour la rigidité des tôles perforées.
Le résultat dépasse la modélisation 3D. Le bâtiment change de teinte et d’aspect au grés de notre evolution dans le site. Cette lecture révèle et laisse entrevoir les fonctions d’un organisme actif qui vient dialoguer avec son environnement. Le bâtiment habillé de métal, se distingue par la texturation de la matière sous la lumière, avec ses reflets et autres effets de moires.
Il trouve sa force, sa richesse par l’intermédiaire de ce qu’ il donne à voir.
Les reflets sur les surfaces extérieures assurent une relation ininterrompue entre le paysage et le bâtiment. Les éléments apparaissent ou disparaissent suivant les reflets: les reflets du verre, les reflets en façade, les reflets au sol. Les matières se confondent, les reflets changent suivant les déplacements de l’utilisateur.
Se retrouver confronté à des perspectives parfois lointaines, soudainement proches
ou les matières passent du sombre à l’étincelant, de l’opaque au transparent, du mat au brillant, du brun au vert.
Par la révélation de leurs richesses, de leurs
textures de leurs vibrations, ces matières industrielles y gagnent une poésie. Un raffinement esthétique qui, poussé au bout de sa logique et une mise en œuvre soignée, confère au bâtiment sa cohérence, sa dignité et son sérieux. Cet édifice donne à apprécier la légèreté de la matière lorsque son enveloppe se fait filtre, poreuse… cette peau permet d’infinies modulations.
Le parvis
Toujours dans un soucis d’accompagnement, la façade Est se prolonge au sol, telle une ombre portée, déssinant un parvis qui
reprend la trame et la teinte des tôles perforées. Constitué de plaques de béton teinté dans la masse, ce parvis joue le role d’interface, de transition entre le sol naturel et le bâtiment. Les limites en deviennent flous, paysage et construction entre en résonnance.
Un monde interieur
La recherche plastique engagée sur la peau du bâtiment trouve un echo dans le traitement des espaces interieurs. Bien que ce lieu ne soit pas destiné a un usage public, il nous a semblé important que les espaces interieurs pratiqués uniquement par le personnel des archives soit le sujet d’autant d’attention de notre part. Autant l’enveloppe exterieur renvoi à certaines réferénces contemporaines de l’art cinétique, d’une façade en mouvement, autant l’interieur nous immerge dans un monde monochrome magenta.
Afin de maîtriser l’ensemble des parametres de fabrication, nous avons gérer en interne à l’agence l’ensemble de la signalitique. Choix des teintes, des caractères typographiques, du rythme, des emplacements, … tout a été étudié, déssiné, visualisé (3D) et proposé pour validation au SNT et au CAC.
Inutile de dire que les premiers échantillons sur le chantier ont fait leur effet ! Mais comme souvent, passé le “choc” de la surprise, du bouleversement des habitudes, bref de la nouveauté, les critiques se sont peu à peu transformées en “pourquoi pas? “. Avec le temps de la réflexion, les utilisateurs ont compris la démarche globale du projet et sont (nous l’espérons!) sensible à l’attention que nous avons apporté à l’ensemble du bâtiment et ce jusque dans les magasins de stockage!
Au final …
Jouant sur la superposition, le reflet et la matière, il s'agit là d'une architecture dont le jeu consiste à estomper les limites tangibles du bâtiment dans une poétique d’accompagnement du paysage.
Dans ce projet, cette idée s’exprime par une position de tension entre le site et le bâti. Une relation qui fait naître une émotion forte. Cette relation trouve son expression formelle dans une épure simple.
Sa beauté est lisse, lumineuse, rythmée, ciselée.
Nous avons donné à ce bâtiment de stockage l’illusion d’un écrin précieux et accentuer l'incertitude de sa perception.
La volonté de tous les intervenants, nous a permis de dépasser la demande initiale et de proposer une réponse qui se situe à la frontière de l’art et de l’architecture industrielle.