Des champs, une route d’entrée
de ville venant d’une nationale
reliant Lille à Lens, voilà en
quelques mots le contexte. Bien
sûr le bloc commercial qui viendra
s’implanter à côté deviendra le
contexte, aussi notre projet lui
répond déjà, en se soulevant, en
se décollant du sol, en prenant
ses marques.
Un sol presque plat, des
vues lointaines, cela permet
d’instaurer un jeu entre paysage
et construction, perçu à la fois de
l’environnement et de l’intérieur
du bâtiment lui-même.
Implanté au milieu de champs
en devenir, le projet pointe le sol,
désigne le lieu, la marque d’une
verticale que nous appelons
beffroi.
Un beffroi, oui, mais un beffroi bleu
lumineux, comme empli d’eau à
ras bord.
Le parti révèle une volonté
forte, un ancrage dans le site,
la constitution d’un repère, une
insertion minutieuse à l’échelle
même de ce site.
L’idée d’origine du projet vient d’un
dessin en coupe : deux équerres
contiguës. L’une est plantée dans
le sol, l’autre vient du ciel.
L’espace entre les deux équerres
sert à entrer, il est entre hall des
bassins et accès aux vestiaires,
il vient de la promenade et ouvre
une vue cadrée vers Lille.
Ce point de départ du projet est
justifié par le sentiment ressenti
sur le site, la nécessité de
monter, de se décoller du sol, de
s’affranchir du sol et de rendre
l’équipement visible, repérable,
identitaire, typique.
L’équerre qui vient du sol contient
au rez-de-chaussée les locaux
techniques, et à l’étage les
annexes baigneurs, les locaux
administratifs et du personnel.
L’équerre qui vient du ciel contient
pour sa part les halls des bassins
avec la zone sportive et la zone d’activités.
La verticale qui semble monter
dans le ciel ou en venir est un
beffroi moderne, un repère urbain,
un signal. Son volume intègre des
jeux de lumière donnant l’idée
d’un aquarium suspendu, et des
jeux d’eau tombant en pluies
fines et tropicales dans le bassin
d’activités.
L’équerre qui vient du sol et qui
enveloppe les vestiaires et les
locaux du personnel est très
fermée, tout juste ponctuée
d’une myriade de petites percées
visuelles.
Le projet est donc soulevé du sol
pour répondre aux contraintes
d'eau du terrain et permettre un
accès aux locaux techniques de
plain-pied ; de plus ce soulèvement
du projet met en valeur
l'équipement sur le site, le rend
visible et identifiable.
- Le projet se répartit en deux
ensembles fonctionnels, l'un typique (le hall des bassins),
l'autre atypique (les vestiaires
et le hall d’entrée), articulés
autour d'un cheminement
d'accès servant de révélateur aux
intentions architecturales.
Ces deux ensembles sont en
plan des carrés bien distincts et
correspondent aux deux équerres.
Le typique est au sud, plus grand,
plus haut, plus fort.
L’atypique est situé au nord, plus
petit, plus bas, plus opaque.
Depuis les parkings, une
promenade amène au centre
du projet, sorte de rampe à
plat, voie romaine qui traverse
stationnements et lagunages,
semblant flotter au-dessus
du terrain naturel. Le beffroi
marque violemment l'entrée dans
l'espace du projet, un escalier
venant prolonger ce parcours. À
ce moment, on passe sous une
boîte bleue, la boîte du pédiluve, 3
mètres plus haut.
En haut de l’escalier, une placette,
un patio, stabilise la progression,
calme le jeu et tout en nous
faisant découvrir le hall des
bassins, nous fait entrer dans
l’équipement.
Fasciner, interroger, éveiller,
cultiver, voilà le programme de
tout équipement public, de tout
bien commun à construire, à bâtir
en un lieu.
Un peu de rêve, d’étonnement, de
surprise, un peu d’interrogation,
voilà notre devoir, les enjeux, la
seule chance de salut.
Un projet s’inscrit toujours
dans un site, seule la manière
varie. Produire une vitrine à la
communauté signifie s’inscrire en
s’affirmant, en se montrant, sans
pour autant être vulgaire. Notre
projet prend cette considération
en compte, finit le temps des
cathédrales, d’autres centralités
doivent structurer notre territoire,
d’autres images doivent surgir.
S’insérer, s’intégrer, c’est avant
tout faire en sorte de respecter
ce qui préexiste, d’en tenir
compte, de faire avec. En aucun
cas c’est faire comme, à la
manière de, ou se cacher.
Oui, notre projet tape du poing,
affiche une certaine ambition,
change le paysage.
Il le fait en assumant son rôle
d’équipement structurant, de
point d’orgue, de point de visée et
aussi de point de vue.
La nature du sol, l’occupation
de ce même sol et les projets
proches en devenir nous
poussent à cette réponse.
Ce projet est intégré car il est
non seulement l’objet du regard
des alentours, mais aussi et
surtout l’objet qui permet de voir
les alentours. De visible il devient
vu, et telle est l’un des enjeux du
programme.