GENESE
Le projet de réhabilitation est le fruit de la rencontre de deux ambitions :
- Celle de la ville de MULHOUSE et de son maire, M. Jean Marie BOCKEL, souhaitant
sauvegarder un témoin de l’architecture industrielle mulhousienne du début du XXème siècle,
la fonderie de la SACM (Société Alsacienne de Construction Mécanique).
- Celle de l’UHA (Université de Haute Alsace) souhaitant s’émanciper des limites de son
campus et se rapprocher du centre ville.
Des pré-études ayant montré que le coût de la sauvegarde de ce patrimoine risquait d’être élevé,
compte tenu de l’état de la construction, de la pollution engendrée par l’activité industrielle, de
son instabilité en cas de séisme important, la Ville de Mulhouse a eu l’idée de concentrée sur le
site plusieurs programmes complémentaires et a ainsi proposé à l’UHA de participer à ce projet.
Avec l’aide de la SERM (Société d’Economie Mixte de la Région Mulhousienne), des études de
définition ont été demandées à trois équipes pluridisciplinaires intégrant notamment un
programmiste. C’est le développement de ces études qui a permis de définir les capacités du site
et mettre au point le programme.
PROGRAMME
L’équipe lauréate, dont les architectes sont l’atelier MONGIELLO & PLISSON, mandataire, et
EMERGENCE Architecture, a montré que pouvait être envisagé, en ce lieu, un programme
complexe groupant :
- La FSESJ (Faculté des Sciences Economiques Sociales et Juridiques), élément
programmatique majeur,
- Le Pôle Documentaire qui intègre, notamment, le CERARE (Centre Rhénan d’Archives et de
Recherches Économiques) et la BUSIM (Bibliothèque de l’Université et de la Société
Industrielle de Mulhouse).
- La cafétéria du CLOUS
- Le Centre d’Art contemporain et les ateliers pédagogiques associés
- Les Archives Municipales
- L’extension de la Maison du Quartier de la Fonderie, qui avait préalablement déjà investi une
petite partie du bâtiment.
La programmation détaillée a été mise au point par le programmiste GPCI.
L’ensemble des surfaces créées atteint 17 000 M2.
L’ENJEU URBAIN
L’UNIVERSITE DANS LA VILLE
Les architectes ont montré que la Faculté devait établir des liens concrets avec son
environnement en :
- Participant à la forme urbaine,
- Étant un lieu d’échanges, de communication,
- Ouvrant certains de ces équipements à un public plus large,
- Étant un lieu d’ouverture et de transparence.
DU CAMPUS A LA VILLE
Elargissant la réflexion au-delà des murs de la Fonderie, les architectes, après une lecture
critique du projet de composition urbaine de la ZAC de la Fonderie, ont proposé :
- La mise en place d’un mail végétal structurant le paysage du quartier en devenir et reliant la
Faculté au campus. Au droit de la Fonderie, ce mail s’élargit en parvis.
- L’interruption de la rue de la Locomotive permettant un lien piétonnier entre le parvis de la
Fonderie et la place du quartier.
- De nouveaux alignements pour les constructions à venir.
La Ville de Mulhouse a accepté de modifié le PAZ, pour prendre en compte ces propositions.
Christian PLISSON s’est vu confié, par la SERM, aménageur de la ZAC de la Fonderie, une
mission de conseil auprès des constructeurs et des services techniques de la Ville pour assurer
une cohérence architecturale et paysagère.
L’ENJEU ARCHITECTURAL
LA MEMOIRE DU LIEU
Les architectes ont eu pour objectifs le respect de la structure constructive originale et de la
logique fonctionnelle initiale.
Cela nécessitait de comprendre le lieu et le fonctionnement de l’ouvrage construit en 1924 par
l’architecte mulhousien Paul MAROSEAU.
La Fonderie présentait une double partition, horizontale et verticale :
- Verticale :
Elle était construite et organisée longitudinalement sur les « deux premiers niveaux » et
transversalement sous les verrières. Cela se traduisait formellement dans les dessins complexes
de la structure. S’inspirant de l’architecture métallique Paul MAROSEAU avait imaginé une
véritable dentelle de béton laissant la lumière envahir le bâtiment mais résistant aux vapeurs
corrosives de la fonderie.
- Horizontale :
Du Nord au Sud, elle présentait trois zones, qui accueillaient :
. Les silos à coke,
. Les cubilots,
. La sablerie.
Cette partition était visible dans la structure du bâtiment. Deux joints de dilatation et des dessins
de structure spécifiques matérialisaient les limites de ces zones.
LES OBJECTIFS CROISES
Reconquérir un lieu fortement symbolique, installer l’Université au coeur du tissu urbain : ces
objectifs étaient-ils contradictoires ou complémentaires ? L’étude a montré que les programmes
retenus pouvaient s’inscrire dans la construction sans nuire à la perception de l’espace et en
faisant référence à l’histoire du lieu.
La sauvegarde passait-t-elle par la « sacralisation » ou par la « démocratisation »du lieu ?
Le projet cherche à favoriser sa découverte, tout en conservant des conditions d’études
optimales
Le projet adopte les principes suivants :
- Recomposition du pignon Nord de la Fonderie, de telle sorte qu’un plan principal s’affirme
dans la continuité des maisons sur le square. Ce plan intègre la tour Nord-Ouest. En
soulignant sa verticalité son rôle de signal est renforcé.
- Mise en valeur de la première trame des arches jumelles, par la réalisation d’un écrin en
« Verre Extérieur Attaché ». Ce volume de verre est transparent et raccroche la Fonderie au
mail. Il invite à la découverte de l ‘édifice. Il marque la dimension culturelle du lieu et son
ouverture au quartier.
- Accès aux éléments de programme par les pignons et accès techniques par les façades
Est et Ouest.
- Le pignon Nord donne accès :
. D’une part, à la FSESJ et au Pôle Documentaire,
. D’autre part, au Centre d’Art Contemporain.
- Le pignon Sud dessert les Archives Municipales qui bénéficient de la monumentalité de la
façade de la rue du Manège. Il donne, également, accès à la cafétéria du CROUS.
- Organisation du programme autour de la rue intérieure Ouest (cette rue était celle où
étaient coulées les pièces, alors que la rue est était plutôt dédiée au stockage) et, valorisation
de cet espace par l’entrée en pignon nord et son fonctionnement en « U ». Elle est libérée
dans toute sa longueur et toute sa hauteur. Ses verrières lui confèrent une très grande
luminosité qui l’assimile à une véritable rue.
- Installation au 2e étage, sous les verrières, des éléments de programme ouverts, tels
que la bibliothèque et le Centre d’Art Contemporain. Respect de la partition initiale en trois
types de structure,
- Création d’un sous-sol généralisé. Dans la mesure où, le renforcement parasismique
nécessitait de relier les fondations existantes et nouvelles par des tirants, il était judicieux de
dégager un sous-sol pouvant accueillir des salles d’archives, le bas des amphithéâtres et des
locaux techniques.
Les éléments du programme se répartissent sur un rez-de-chaussée, deux étages, une
mezzanine et des combles.
- Distinction des ossatures béton anciennes et nouvelles
Bien que la nouvelle structure soit fondamentale dans son rôle parasismique, les architectes
ont fait en sorte qu’elle soit la plus discrète possible, au profit de l’ancienne. Cette dernière est
recouverte d’une lasure minérale mate, alors que la nouvelle structure est teintée d’une lasure
brillante. Les nouveaux volumes se glissent entre les éléments de l’ancienne structure pour ne
pas en perturber la lecture.
LE FONCTIONNEMENT
LES ACCÈS
L’entrée principale en pignon nord côté ville par un « sas » en « Vitrage Extérieur Attaché »,
enveloppant la première double arche Nord.
AU REZ DE CHAUSSEE :
Des gradins, formant agora, donnent accès au grand amphithéâtre de 400 places.
Celui-ci s’insère entre les niveaux du rez-de-chaussée et le sous-sol et présente des gradins
rayonnants pour favoriser le confort des étudiants.
Dans la partie centrale, à la manière des anciennes installations de la fonderie, la rue
intérieure s’enrichit de deux escaliers métalliques monumentaux, de passerelles et d’un
ascenseur panoramique. Ces liaisons verticales permettent de découvrir la galerie, en
élévation, sous différents angles, et donnent accès au premier étage de la FSESJ. Puis, leurs
prolongements mènent, au Nord vers le Centre d’Art Contemporain et au Sud vers le « Pôle
Documentaire ».
À l’extrémité Sud la rue intérieure donne accès à la cafétéria du restaurant universitaire.
La grande salle de restauration participe à l’animation de la rue. La cuisine prend la lumière en
façade et, respecte le principe de la « marche en avant ». Les livraisons et évacuations sont
effectuées depuis la rue Nord-Sud.
Sur le côté gauche de la rue intérieure sont positionnés les trois petits amphithéâtres de
150 places avec, en vis-à-vis sur tout le côté droit, l’administration qui bénéficie d’un éclairage
naturel, en façade Ouest. La rue intérieure permet d’absorber les flux générés par les 4
amphithéâtres.
AU PREMIER ETAGE :
À ce niveau sont regroupées des salles d’enseignement de la FSESJ, des « bureaux
d’enseignants » et la « salle de colloque » organisés autour de la galerie.
La « salle de colloque » s’insère dans le volume de verre du sas Nord et offre des vues
panoramiques vers le mail planté et le quartier.
Les passerelles métalliques permettent de franchir le vide de la rue intérieure.
AU DEUXIEME ETAGE :
À ce niveau, se développe le Pôle Documentaire, organisé en forme de « U », adossé
au pignon Sud. Il est accessible dans sa partie centrale par un des escaliers monumentaux et
par l’ascenseur panoramique. L’ensemble est fermé par un vitrage l’isolant de la galerie.
Un grand plateau, libre de structure, accueille, de manière alternée, les collections en
accès libre et des espaces de lecture. En mezzanine, l’une d’entre-elles protège la banque
d’accueil, de prêts et de retours.
À l’Ouest, dans une ambiance moins monumentale, prennent place le BUSIM, le
CERARE, qui bénéficient de la structure en demi cintre, et les salles de recherche.
Adossé au pignon nord, également organisé en « U », le Centre d’Art Contemporain,
libéré des structures porteuses offre des conditions optimales de présentation des oeuvres et
de découverte d’un témoin du patrimoine industriel de Mulhouse. La perception de la Fonderie
y est généreuse. Les doubles arches transversales se révèlent au public.
À l’Ouest, les ateliers pédagogiques sont définis par le secteur des pleins cintres de
l’ancienne zone des « silos à coke ».
EN MEZZANINE :
En mezzanine sont regroupés des « espaces servants » pour le Centre d’art
Contemporain et le Pôle Documentaire. Une circulation, longeant la façade Ouest dessert la
salle de tri qui a vue sur la salle des collections et de travail. Un ascenseur la relie directement
aux archives du sous-sol. Le CERARE et la BUSIM disposent également d’archives situées
sur la mezzanine.
AU 3EME ETAGE, EN COMBLE :
Les combles découvrent une vue panoramique, sur le centre-ville et le Campus
Universitaire. Une circulation filante, éclairée naturellement, dessert des bureaux
d’enseignants, et des salles de TD. Cette circulation propose des vues alternées : des vues
plongeantes révélant la rue intérieure de la Fonderie et des vues sur les toits du centre-ville.
LES PROGRAMMES COMPLÉMENTAIRES AVEC ACCÈS INDÉPENDANT
LES ARCHIVES MUNICIPALES :
Les archives s’organisent sur deux niveaux, le rez-de-chaussée et le sous-sol.
Au rez-de-chaussée :
Le niveau haut des archives permet d’accueillir le personnel et les visiteurs
Au sous-sol :
En communication avec le rez-de-chaussée, la salle de tri, éclairée naturellement,
donne accès aux magasins d’archives.
L’EXTENSION DE LA MAISON DE QUARTIER :
Elle est réalisée en rez-de-chaussée. Elle est placée en continuité de la maison de quartier,
sur la rue de la Locomotive et offre une salle de boxe voisine la salle de musculation existante
et un rangement.
L’ensemble des éléments de programme se répartit harmonieusement dans un découpage de
l’espace cohérent. Cette cohérence s’applique tant au niveau des plans que des coupes. Elle
concerne aussi bien les répartitions fonctionnelles que la qualité des volumes dégagés.
L’intervention architecturale est respectueuse de l’histoire du lieu et de la logique spatiale de la
construction.
LES ENJEUX TECHNIQUES
SEISME
Les études de diagnostic, établies par M. DAVIDOVICI (co-auteur des règles PS92) et le BET
structure HAGENMULLER, ont conclu, en général, à un état satisfaisant du béton résistant
aux sollicitations statiques mais non aux sollicitations sismiques
Le projet repose sur les principes suivants :
- Les sollicitations sismiques sur l’ancienne structure sont soulagées par un Renforcement
parasismique par transmission des efforts vers la nouvelle ossature.
- Les joints de dilatations sont supprimés et toutes les fondations existantes sont
liaisonnées par des tirants parasismiques. Le bâtiment devient un monolithe de 120m de long.
DIFFICULTES DE CHANTIER
- L’essentiel des constructions projetées se situe à l’intérieur et dans l’encombrement de la
structure existante. Une méthode constructive sans éléments préfabriqués a été nécessaire.
L’ensemble des murs et dalles a été coulé sur place ce qui favorise leurs performances
structurelles et le monolithisme de l’ouvrage.
HQE
La réhabilitation de l'ancienne fonderie de Mulhouse a été réalisée avec le souci de prendre en
compte les exigences concernant la Haute Qualité Environnementale (HQE), application du
Développement Durable à l’échelle du bâtiment.
• La participation du bâtiment et de sa parcelle à l’amélioration de la qualité
environnementale de ses alentours : relations durables avec la ville, maîtrise des nuisances,
rejets, pollutions, infrastructures et services collectifs. Le tri des déchets de chantier a permis
de réaliser un chantier dit « propre ».
• La prise en compte, dans la conception, des alentours du bâtiment, du site, climat, des
nuisances diverses
• L’amélioration du confort (éclairage naturel, acoustique, confort thermique d’hiver et
d’été) et la limitation des risques sur la santé des occupants (qualité de l’air de l’eau, impacts
des matériaux sur la santé)
• La maîtrise des consommations de ressources, matières premières, énergie (freecooling),
eau dans tous les processus participant à la fabrication, du début à la fin de vie du
bâtiment et de ses composants. Des capteurs photovoltaïques sont installés en toiture formant
brise-soleil.
• La limitation des pollutions, risques sur l’environnement et la santé, impacts sur les
grands équilibres écologiques, à toutes les étapes.