I - Le plan masse comme appropriation
du site :
Le terrain dévolu au projet de l’ISTE
présente le paradoxe d’être libre (site ouvert) et pourtant bridé par le
nécessaire rattachement au bâtiment existant du CNRS ainsi que par le liaisonnement à la voie de desserte existante
scindant la parcelle. Cette voie constitue en fait un dégagement visuel qui
s’impose entre les bâtiments de l’ISTO et la masse boisée très dense en bordure
de la Rue de la Ferollerie. Cette évidence paysagère a conduit d’emblée à caler
le hall et ses satellites selon cet axe, préservant et soulignant l’échappée
visuelle tout en affirmant les grandes affectations de ce programme
plurifonctionnel : les locaux de recherche vers l’ISTO, les locaux
d’enseignement vers les espaces boisés. Ce dispositif d’implantation offre une
évidente lisibilité, tout en se glissant dans les zones à faible densité boisée.
L’exigence de préservation paysagère de la parcelle boisée est bien sûr
présente pour l’implantation du vaste parking dont les allées de desserte se
faufilent entre les arbres et sont traitées avec un dispositif de
végétalisation. Une allée épaulant la voie conduit vers le parvis d’entrée.
Cet équipement universitaire aux
entités fonctionnelles multiples constitue une petite cité, qui doit rassembler plutôt que mener à
l’éclatement sur un site très vaste et conduit à proposer un principe
d’organisation intériorisée dans un volume unique et simple. Pour la
construction de l’Institut des Sciences de la Terre et de l’Environnement c’est
évidemment la métaphore de la GEODE qui s’impose et qui est mise en œuvre dans
le projet. Celle-ci est traitée comme une enceinte avec une forte présence
texturée par des agrégats à la densité variable qui le qualifie dans sa matière
minérale comme une gangue. De grandes ouvertures entament cette muraille pour
offrir le parvis d’entrée et l’échappée pour les patios, véritables cœurs creux
cristallins.
Ce dispositif de répartition privilégie
cependant la qualité des espaces intérieurs organisés clairement autour des
patios, ainsi que du hall, autour duquel gravitent les espaces communs, en fait,
lieux communautaires. L’amphithéâtre dont les gradins s’enfoncent dans
le sol offre sa couverture comme un prolongement du hall pour accéder
naturellement à l’étage tout en offrant un lieu indéfini mais riche de
potentialité.
Les vastes patios apportent une lumière
généreuse aux divers locaux ainsi qu’aux circulations qui les bordent tout en
assurant une diversité des ambiances et des points de vue par leurs
différences.
II – Les principes de fonctionnement :
Depuis le hall traversant (offrant le
double accès Nord-Sud) sont distribués directement les espaces communs et les
accès vers les deux grands pôles de l’Enseignement et de la Recherche.
L’Enseignement est organisé sur deux
niveaux en couronne autour d’un grand patio s’échappant cependant vers le
dehors par la cafétéria.
La Recherche constituée de laboratoires
et de bureaux se développe sur deux niveaux selon un principe de maillage. A
rez de chaussée, distribution en autonomie des entités cartographie, lames
minces, mesures physiques, microscopie optique, administration, autour de deux
patios dont l’un est ouvert. A l’étage, deux plateaux regroupant les bureaux et
les laboratoires de géochimie organique s’entrecroisent avec le rez de chaussée
en préservant un large dégagement visuel s’ouvrant à l’Est.
III – Les dispositions constructives :
A – La structure
La relative compacité du projet et le
traitement en « pont » de certaines ailes permettent une optimisation
des fondations spéciales.
. les locaux sous-sol sont réalisés en
voiles béton/plancher prédalles
. l’ensemble du rez de chaussée forme
un socle. Celui-ci est réalisé en béton selon deux principes
constructifs :
. locaux d’enseignement « en couronne » constitués par des
voiles porteurs longitudinaux (modularité des salles préservées
transversalement)
. locaux recherche réalisés en voiles béton pour toutes les parois
extérieures et présence de poteaux réduits aux seules exigences de support des
barres R + 1, planchers en dalles alvéolaires, absence de poutres pour le
passage des divers réseaux fluides dans les plénums
. l’ensemble de l’étage : seules
les parois de l’enveloppe extérieure ainsi que les colonnes raidisseuses
constituées par les cages d’escalier et les blocs sanitaires sont réalisées en
voiles béton
La charpente et l’ossature primaire des
façades intérieures sont en métal (système de portiques libérant au maximum les
plénums pour les passages de fluides)
B – Les enveloppes
La couverture sur l’Enseignement et les
locaux communs est constituée d’un complexe supports plateaux avec isolant et
d’une étanchéité par membrane. La couverture sur les ailes Recherche (et tout
particulièrement les laboratoires) est composée d’une étanchéité par membrane
appropriée aux aires techniques accessibles (F5 I5 T3) sur support plancher
collaborant à l’exclusion des terrasses à R + 1 en situation de jardins
suspendus qui sont réalisées par un complexe d’étanchéité sur dalle béton avec
végétalisation.
Les façades extérieures formant
l’enveloppe sont réalisées en béton banché fortement texturé par des
agrégats de tailles variant sur la hauteur disposés par strates successives et
mis en œuvre en deux lits (un voile structurale et un voile de parement). Ces
façades reçoivent en outre un traitement par résine.
Les façades intérieures sur toute la
hauteur du patio Enseignement sont en polycarbonate type DANPALON avec selon
les expositions un dispositif de filtration et de protection solaire. Des
échappées visuelles sont assurées par incorporation de châssis ouvrants et
rythment les circulations.
Les façades intérieures à RC et R + 1
des patios Recherche sont de type légère sur ossature primaire avec isolation
renforcée, parement extérieur en panneaux type PARKLEX (panneaux bois
reconstitué).