URBA
La digue de la rive gauche, bâtie en 1960, est aujourd’hui le
vestige d’une époque où la Garonne était perçue comme un danger. Notre projet
est partie de l’idée d’une réflexion sur la ville ainsi que l’appropriation
d’un non lieu architectural, espace trop souvent négligé mais riche en
potentialités. La structure en béton d’origine de 2km, surélevée de 9m du sol,
désormais symbole utopique fort, est conservée et sert de base au développement
conceptuel de ce projet
Données
Le centre ville de Toulouse possède une richesse patrimoniale qui en
fait un lieu touristique important et l’identité intégrale de la ville.
Pourtant, ce centre ne représente en réalité qu'une petite partie de Toulouse. La
ville n’échappe pas aujourd’hui aux problèmes propres à de nombreuses
agglomérations : mitage du territoire, quartiers pavillonnaires et grands
ensembles isolés et excentrés, zones industrielles et commerciales rampantes en
périphérie, limites physiques, sont les maux actuels de Toulouse.
Si son urbanisation n'est pas contrôlée, la ville s’étendra dans son
territoire, jusqu’à perdre son identité.
On peut constater que les équipements commerciaux et industriels
occupent une proportion importante de l’ensemble des équipements de la ville et
donnent à des quartiers entiers des aspects sinistrés. Les autres équipements,
hormis les équipements scolaires, sont localisés à proximité du centre-ville,
délaissant par là même les quartiers du péricentre urbain, qui souffrent de
sous-équipement.
De plus, la ville dans sa configuration actuelle présente des
limites franches en son sein.
- Les accès aux berges sont insuffisant, mal aménager et concentrés autour
du centre.
- Le Garonne a longtemps constitué un obstacle infranchissable ;
seuls deux ponts au sud du centre ville permettent de la franchir.
- Le périphérique crée une rupture entre le futur canceropôle et la
ville.
- L’avenue de Muret, réseau automobile, est saturée.
La ville en mouvement.
A l’image de la ville en mutation qui réutilise des systèmes, les
réemplois, se les réappropries tout en conservant une trace – les anciens
remparts transformés en boulevards - la digue devient un réseau horizontal de déplacements,
de communications et de flux, une machine en mouvement qui génère et organise
l’épaisseur du quartier. Ce tracé linéaire génère une géométrie parcellaire
improbable, une frange territoriale, un entre deux. La possibilité de
l’épaissir vient alors permettre l’intégration d’équipements et d’ateliers.
Le long de la digue, en front de Garonne, viennent se plugguer des activités
et des logements, prolongeant la ville et évoluant selon sa densification : un système
évolutif apparaît.
Les flux ne relient plus les bâtiments mais se sont les bâtiments
qui viennent se greffer sur le réseau, sur la digue. Cette organisation permet
alors de dérouler l’architecture en un long traveling mais nous souhaitions
avant tout transformer la limite en interface, mettre en œuvre des passages,
des perpendiculaires qui viennent contredire l’histoire d’une organisation
urbaine révolue.
Le territoire est alors organisé par des cadrages, par des vides
structurés, des failles allongées ou verticales. Les vides organisent le
projet, ils en sont la structure, ils tiennent en lévitation le construit. Dans
cette frange hasardeuse, la question de la densité est centrale. Il existe à
proximité du site des masses construites imposantes et des espaces distendus
désaturés, révélant les distances, ouvrant des horizons flous. Le travail sur
le skyline, sur la singularité de ces larges horizons spécifiques aux
territoires dégagés est à mettre en relation avec la digue, ce socle épais,
large, couvrant une large partie du territoire. Ce socle nous le souhaitons lié
au sol, plein de terre gagnée par un végétal proliférant qui viendrait proposer
un jardin horizontal un square infrastructure, mur de soutènement, soubassement
d’un projet mixte.
La société à besoin de nouveaux lieux ou « être ensemble »
qui inscrivent de façon renouvelée la société dans les territoires (évènements,
festivals,…). La Garonne et sa digue ne sont-elles pas cet espace public attractif ?
Ce projet propose ainsi un nouveau type d’espace public, adapté à
une multiplicité d’usages, propice aux déplacements comme au stationnement, à
la rencontre comme à l’évitement où puissent coexister des individus et des
groupes divers et changeant, se combiner des transports et des communications
variées. Concilier les quasi contraires qui font la richesse des villes :
vitesse et flânerie, efficacité et errance, fonctionnalité et superflu,
programmé et inattendu.
ARCHI
Une digue épaisse vient créer
un parc linéaire à l’échelle de la ville, élément à la fois de promenade et de
déplacements doux. Ce parc linéaire vient contenir dans ses entrailles
équipements publics et activités diverses. Véritable bande servante à l’échelle
urbaine, la digue épaisse règle le passage aux berges et la rue à travers
rampes, escalier et ascenseurs.
La digue épaisse joue aussi le
rôle de vecteurs reliant différents pôles d’attractions. En venant du centre
ville, l’ancien bâtiment de l’IUFM, réhabilité en équipement culturel de
quartier s’ouvrant largement sur le Garonne, est le premier de ces pôles que
l’on découvre.
Deux types de bâtiments à la
verticalité affirmée viennent se plugguer à cette bande et ponctuer le parcours
:
- Le bâtiment FAILLE.
- Le bâtiment PLOT.
Le premier crée le lien avec
le maillage du quartier alors que le second vient cadrer et lier les pôles d’attractions. La bande servante à l’échelle de la ville se retrouve à l’échelle du bâtiment et de la cellule de logement. Trois lames de béton viennent alors traverser le bâtiment sur toute sa hauteur, définissant la structure porteuse du bâtiment et regroupant tous les éléments techniques constitutifs d’un immeuble de logement collectif (circulations, gaines, pièces humides, placards, ... ). Dans la cellule de logement, cette lame permet d’une part de se refermer sur soi-même, dans sa sphère privée, intime et d’autre part de s’ouvrir au autres, dans la sphère du collectif et du social. Les espaces domestiques sont alors divisés en deux parties distinctes et complémentaires : l’espace collectif, de sociabilité et de représentativité constitué du séjour ; les espaces individuels et d’intimité qui renvoient directement aux chambres. Un plan d'appartement évolutif permet d'élaborer une diversité de logements par ajout ou suppression de chambres.La mixité comme garant d’un dynamisme se retrouve à l’essence même de notre projet. Le bâtiment abrite, contient, additionne commerces, bureaux, ateliers, habitat. La digue épaisse vient s’infléchir sous le volume de logements, définissant un socle. On peut alors pénétrer dans le bâtiment depuis la rue mais aussi depuis le haut de la digue qui devient une véritable terrasse collective. Les bandes servantes viennent créer des poteaux qui fragmentent l’espace et contiennent les circulations verticales. Cette grande terrasse surplombant l’espace public vient mettre en scène les activités collectives (repas, fêtes, jeux,... ). Elle permet de manifester l’effervescence des habitants. Cette fonction s’insère alors entre le toit des commerces et appartements en lévitation. Ce plateau insolite initie la rencontre avec d’autres publics ou d’autres activités.Les façades mettent en scène ce programme monolithique : une trame comme dénominateur commun, module répété par appartement, partition des surfaces de façades égales, parfaitement réparties. La somme est constitutive du projet. Rythmique répétitive, raide, séquencée. La façade principale est faite d’un plan vitré, cadré, captant la vue, la lumière, générant des loggias, grands espaces extérieurs pour chaque logement. De fins rideaux blancs au nu extérieur viennent dynamiser la façade au fil de la journée et des occupations tout en permettant de gérer les ambiances lumineuse intèrieures et l'intimité des occupants.L’imbrication tout à la fois du loisir, du travail et du résidentiel permet de retrouver la complexité et les temporalités de la ville construite avec le temps, de la ville faite de sédimentation.