Dans nos projets, nous recherchons la tension qui peut exister entre le lieu, le programme fonctionnel, la forme bâtie et sa matérialité. Nous aimerions que cette perception des choses soit autant émotionnelle querationnelle.Le pavillon réalisé au-dessus du Petit Lac de Sierre est constitué de deux espaces : l’un plutôt introverti et orienté vers la montagne, l’autre s’ouvrant généreusement vers la vallée. Depuis la route qui mène au site, la construction est pratiquement invisible. Elle épouse le flanc de la colline en suivant les douces ondulations de la topographie, le seul signe fort, reconnaissant la présence d’un habitat, étant la grande baie vitrée qui encadre la vallée.La beauté du lieu est autant liée à ses caractéristiques paysagères naturelles qu’à la présence des murs en pierre sèche, permettant d’exploiter les vignes dans cette région montagneuse. Le coteau du Lavaux est devenu patrimoine mondial de l’Unesco grâce à cette structure paysagère, dans laquelle l’homme a autant oeuvré que la nature. Nous sommes ici dans une situation comparable.Dans la nature, la perception que nous avons des choses est intimement liée à leur forme et à leur matérialité.En architecture, nous pouvons faire le même constat. La dichotomie forme-matérialité est indissociable de la façon dont nous percevons les objets. La matérialité a une charge émotionnelle puissante, elle forge le caractère des choses.Le pavillon est un long mur en pierre sèche qui réinterprète les règles rurales de la construction du territoire.Le pliage successif en plan et en coupe des murs, constituant la construction et leur extension au-delà dessurfaces chauffées, permet de créer des espaces intérieurs et extérieurs en fusion avec le paysage.A l’intérieur, les pièces suivent la topographie pour mieux s’y intégrer, mais aussi pour se différencier entreelles. Le caractère de celles-ci est fortement imprégné par l’omniprésence du béton brut. Le sentimentd’essentialité y est présent ; il nous projette dans la rude vie quotidienne des valaisans d’autrefois. Seule lagrande générosité de l’ouverture vitrée nous éloigne des conditions ancestrales qui paraissent encorehabiter ces lieux. Les acquis de la condition moderne laissent la place de la pauvreté au pur plaisir de lacontemplation du paysage.